Cinq champions de l’année 2017 nous font partager leurs passions pour leurs disciplines, leurs moments de partage et de complicité avec leurs compagnons. Ils nous dévoilent les conséquences positives d’une activité cynophile au travers de leurs 5 portraits :
– Maud Le Deu et Diwan, agilitistes en 2ème degré, catégorie B
– Jessica Flouret et Fée, agilitistes en 3ème degré, catégorie B
– Jean-Michel Jolly et Enkore, conducteurs de troupeau
– Stéphane Leca et Ghost, en mondioring
– Aurélie Denis et Foozy, sauvetage en mer
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Maud Le Deu a réussi à monter sur la première marche du podium en deuxième degré, catégorie B lors du championnat d’Agility 2017 à Lamotte-Beuvron avec son bînome canin Diwan. Après deux belles performances en 2015 et 2016 par équipe (Champion et Vice-champion), le couple décroche leur titre en individuel.
« Malgré ses 9 ans, Diwan a démontré qu’il en avait encore sous les pattes ! Ce n’est pas le plus rapide mais il est d’une régularité à toute épreuve. »
La complicité est venue dès le début, au premier regard, comme si un respect mutuel c’était instauré immédiatement. Que ce soit au quotidien ou pendant les entraînements, j’ai toujours privilégié la bonne humeur, la patience et non la contrainte.
C’est simple, le chien d’une vie c’est lui ! »
Vraiment ? Parlez-nous un peu de lui :
« Diwan est un chien extraordinaire, nous avons partagé tellement de choses ! Avec lui, j’ai pu rencontrer des gens extra, voyager dans de multiples pays et de m’épanouir aussi bien dans la vie quotidienne que sportive ! C’est un chien calme et très intelligent. Il sait très bien se faire comprendre, il connaît beaucoup de trucs, et quand Monsieur veut quelque chose il me sort toute la panoplie !
En agility son surnom c’est le diesel ! Il démarre toujours doucement sur les premiers obstacles mais à partir du 4ème, c’est à fond ! Dans nos débuts, j’étais systématiquement à la ramasse ! Lorsqu’il partait comme une flèche sans signes avant-coureur, j’étais incapable de le suivre !!
Nous avons aussi pratiqué l’obéissance. Je me souviendrai longtemps de la tête des concurrents quand ils me voyaient arriver avec mon shetland alors qu’eux avaient tous des Malinois ou des Bergers Allemands. Ce n’est qu’à partir du jour où nous avons été Vice-Champion Régional que Diwan a marqué les esprits et qu’on nous a enfin pris au sérieux ! »
Un véritable couple de sportifs !
Racontez-nous votre championnat en détail :
« Je suis arrivée assez sereine, je connaissais le site de Lamotte-Beuvron grâce à la finale du trophée par équipe qui s’y est déroulée l’été dernier. Cet endroit est tout simplement merveilleux pour une finale. J’étais donc très enthousiaste ! En plus Diwan adore courir dans le sable, je savais donc qu’il serait à fond.
Je suis partie sur la première manche comme si nous étions en concours « classique ». Nous faisons un joli parcours avec un très bon temps et nous classons 2ème. La manche suivante nous passons en ordre inverse. Je suis partie plus stressée face à plusieurs enchaînements rendus compliqué à cause de la passion de mon chien pour les tunnels :
– L’entrée du slalom à proximité d’un tunnel,
– Un out avant un autre tunnel,
– l’oxer qui a fait beaucoup de dégât sur plusieurs autres manches.Comme je l’avais prévu, nous avons frôlé la correctionnelle au niveau du slalom. Diwan a beaucoup regardé le tunnel, sans un gros rappel pour se réaxe, il y rentrait !
Sur cette manche j’ai littéralement été « portée » par ma régionale, les entendre me soutenir avec force derrière moi, c’était franchement incroyable ! A la fin des deux manches je me hausse à la première place au cumul !
Quelle pression ! Je repense à l’année dernière, où mes jambes ne m’ont plus soutenue à quatre obstacles de la fin.
Le stress monte au fur et à mesure de cette dernière journée. J’observe beaucoup, me questionne sur ma conduite.Les trente dernières minutes avant mon passage ont été les plus longues de ma vie. Je m’étais mise dans ma bulle et n’arrêtais pas de me dire : « tu peux le faire, ai confiance en ton chien… » Je n’ai pas voulu regarder les passages des neuf autres meilleurs pour ne pas me mettre une pression supplémentaire. Dans le sas mon cœur s’est mis à battre comme jamais et mes jambes à trembler, et les jambes qui tremblent c’est mon point faible !
Sur le parcours deux grosses frayeurs : l’entrée de slalom où mon chien a failli raté la deuxième porte car l’entrée était assez difficile, puis cette grande ligne droite avec deux tunnels d’affilés suivie d’un out où mes jambes m’ont complètement lâchées et sont restées au premier tunnel… heureusement ma régionale qui était une fois de plus à fond avec moi m’a hurlé dessus ce qui m’a mis un gros coup de booste pour repartir ! A la fin du parcours, j’ai bien failli défaillir quand je me suis rendu compte que ça y est c’était fait, nous avions fait sans faute avec un très bon temps ! Je ne savais pas encore si nous étions Champion de France mais j’étais tellement heureuse et fière que peu m’importait le résultat ! Lorsque j’ai vu toute ma régionale débarquer en me hurlant : « c’est bon ! C’est sûr ! tu es Championne ! » Ce fut un des plus beaux jours de ma vie ! »
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Jessica Flouret est montée pour la quatrième fois consécutive sur la première marche du podium au Championnat de France d’Agility en 3ème degré, catégorie B avec sa Shetland Tayola, surnommé Fée. Zoom sur le parcours de nos quadruples championnes.
Comment vous vous êtes préparée pour les sélectifs ?
« En tant que Championnes 2016, nous étions sélectionnées d’office !
Dans sa catégorie, Fée est une l’une des plus petites en taille. De plus, pour l’avoir déjà expérimenté, je savais que courir dans le sable nous demanderait davantage d’effort. La préparation physique habituelle de Fée, basée sur des exercices de proprioception et de l’hydrothérapie avec TBE, a été adaptée pour l’occasion. Quant à moi, j’ai suivi un programme de préparation physique avec CoachSportifSanté. J’ai aussi travaillé certains points techniques comme par exemple les croisés arrières : Je savais que sur une telle surface je me retrouverais peut-être en retard, ce fut le cas sur le dernier parcours. Cette préparation en amont m’a permis de gérer cette situation sans stress. »Comment avez-vous abordé les différentes manches durant ce championnat ?
« Lors de ce championnat, nous commençons par un jumping. Malheureusement, je marche sur la patte de Fée avant de commencer et je me tords la cheville sur la fin de parcours… Nous finissons tout de même 8ème de cette épreuve, une belle position d’attente.
Avec une cheville strappée et un peu d’Arnica pour la petite patte, nous abordons la seconde manche Agility avec un mental de conquérantes. Le parcours est rapide et technique, il me plait beaucoup dès la reconnaissance. Nous prenons le départ et la magie opère : nous gagnons ce second parcours et remontons à la 1ère place du cumul ! Grâce à notre expérience des grands événements, nous abordons le dernier parcours l’esprit serein. A la reconnaissance, le parcours me plait bien malgré un passage délicat à négocier. Premières au cumul, nous passons donc dernières de l’épreuve. La concentration est totale, la communication est là. Chaque enchaînement est bien effectué, chaque obstacle est bien négocié et nous arrivons à la fin du parcours sans aucune faute avec une belle vitesse ! Pour la 4ème fois, Fée et moi remportons le championnat de France 3ème Degré ! »
Parlez-nous de votre partenaire, son caractère, quelques anecdotes ? Comment arrive t on a une telle complicité ?
« Effet TAYOLA (FEE) est, dès le départ, le fruit d’un mariage dont j’ai rêvé : TAYRON (mon mâle, avec qui j’ai eu l’honneur d’être sélectionnée en Equipe de France plusieurs fois) et AULLA (la magnifique chienne de mon amie Aude). Fée était la seule femelle de la portée et cela a tout de suite été une évidence entre nous. Dès son arrivée à la maison, notre relation a été très fusionnelle et n’a fait que se renforcer à travers des tricks que je trouve amusants et qui développent notre complicité dans le jeu. La miss grandit et nous nous découvrons en Agility. Elle a un cœur énorme et cherche toujours à me faire plaisir, elle apprend si facilement. A ses 18 mois, nous commençons les concours. Très rapidement, le brevet est obtenu, ainsi que le passage en niveau 3. Nous obtenons des podiums sur toutes les compétitions nationales, ainsi qu’à l’European Open et un podium intermédiaire au Championnat du Monde !
Vous l’aurez bien compris, Fée est exceptionnelle au travail (Agility, Troupeau…) mais surtout, elle est beaucoup plus que ça dans mon quotidien : partenaire, confidente….
ET C’est bien cette complicité qui fait notre force en Agility » -
Jean-Michel, vétéran de la discipline troupeau, n’en est pas à son premier titre. Après 40 ans de passion et déjà 9 titres à son palmarès, ce berger continu à faire des étincelles avec son Border Collie Enkore, qui, du haut de ses 8 ans, en a encore sous la patte.
Quel a été votre meilleur et votre moins bon souvenir de cette saison ?
« Mon moins bon souvenir est mon abandon avant la fin du parcours du Championnat de France le samedi suite à la contracture musculaire de mon chien à la réception d’un saut de barrière au parc de tri pour récupérer des brebis très dures à manipuler.
Mon meilleur souvenir a été le dimanche de la finale du Championnat de France quand mon chien (remis de sa contracture) et moi avons, je crois, formé une très bonne équipe, concentrée et qui ne lâche rien ! Cela nous a permis de récupérer nos 20 points de retard et même de terminer avec 5 points d’avance sur le second concurrent. »
Comment vous entrainez-vous au troupeau ?
« Je m’entraîne un peu sur mon troupeau de brebis sur notre exploitation agricole mais aussi pendant les journées de formations « chiens de troupeau » sur bovins, ovins et caprins destinées aux agriculteurs que j’anime en tant que formateur agréé par l’Institut de l’Elevage. Lors de ces journées mon chien passe son temps à récupérer les animaux suite aux erreurs des stagiaires. »
Avez-vous eu des sueurs froides pendant vos différentes manches ?
« Je n’ai pas vraiment eu de sueurs froides, juste quelques inquiétudes par moment car je reste concentré quoi qu’il arrive lors des parcours comme je sais d’expérience que rien n’est jamais ni gagné ni perdu avant la fin du parcours. »
Parlez-nous de votre partenaire ?
« Mon chien ENKORE, border collie mâle né en janvier 2009 est le fruit d’un croisement entre de très bons chiens. Sa mère, URA du Mont Kerchouan, est la fille de mon fameux SHARK (3e au championnat d’Europe en Spécial Border) qui lui-même était le petit-fils de mon chien HUGH avec qui j’ai été Champion de France 3 fois. Son père, BRAVE CRAIG, est le fils du Champion du monde Spécial Border en 2008 et a lui-même gagné la Coupe de France Spécial Border.
ENKORE est un chien toujours content, heureux de vivre et de travailler ! Il est puissant, obéissant, et toujours courageux malgré des accidents avec des bovins.
A 2 ans, il a eu les métatarses d’une patte arrière écrasés par une vache, ce qui devait le condamner à une vie de chien de compagnie, mais il a été sauvé par un excellent chirurgien-vétérinaire expert en orthopédie et sa passion du travail ! C’est un bon géniteur et ses nombreux descendants sont très appréciés pour leurs compétences sur les exploitations agricoles où ils travaillent.
Même si je suis assez strict avec lui, notre relation et notre complicité sont fortes car nous travaillons beaucoup ensemble.
C’est grâce à leurs aptitudes naturelles (capacité à contrôler le mouvement, à s’imposer, à se concentrer, réactivité, initiative, obéissance …) que l’on peut obtenir autant de résultats avec les Border Collies au troupeau, seule discipline où l’on travaille sur du vivant (ovins, bovins). »
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Stéphane Leca et son chien Ghost du Vallon du Roucan, ont réussi, par deux fois, à remporter le titre de champion de France de Mondioring en 2016 et 2017. Cerise sur le gâteau, Stéphane remporte aussi cette année, la coupe de France dans sa discipline.
C’est en accompagnant sa fille Mathilde à une compétition d’Agility, que Stéphane découvre le Mondioring. Mathilde conduisait la mère de Ghost, Baïka, lors de ce concours à Lézignan les Corbeilles. Ce jour-là, plusieurs disciplines étaient représentées : troupeaux, ring et Mondioring. Stéphane, découvrant pour la première fois le Mondioring, est resté cloué au bord du terrain à admirer le travail des chiens avec une forte envie d’y participer.
« Moi-même conducteur de Baïka en obéissance catégorie 3, j’ai décidé qu’une fois ma chienne à la retraite, je la ferai reproduire et garderai un de ses fils pour faire du Mondioring. En 2011, au beau milieu d’une portée de 5 chiots, Ghost est né ! »
Comment vous êtes-vous préparé à cette finale ?
« Avec deux à trois entrainements par semaine, pendant des mois, par tous les temps : pluie, vent, neige, froid, chaud.
Avec une bonne alimentation et une bonne hygiène de vie, le chien doit pouvoir faire son parcours par tous les temps.
Avec des exercices d’assouplissement, d’obéissance, de garde et de défense, différents à tous les entrainements.
Sans oublier les changements de terrain durant toute l’année.
J’ai beaucoup de chance d’avoir une équipe pour réaliser tout cela. L’entraînement nous demande beaucoup de temps et de travail.Pour aboutir à la finale il a fallu que je participe à deux concours hors régionale obligatoire et quatre régionales pour pouvoir accéder à la Finale du championnat de France 2017. Nous avons donc engagé sur 7 concours et réalisé avec 6 concours une moyenne de 366.20. Ghost du Vallon du Roucas a terminé 1er à la finale du championnat de France de Gélos en 2016n c’est le premier chien en Mondioring à réaliser la performance d’être champion de France deux années consécutives. »
Et si on parlait de Ghost ?
« Mon compagnon et partenaire est né sous notre toit le 14 juin 2011.
C’est un Berger Belge Malinois mâle avec un bon caractère. Il tolère beaucoup d’autres espèces d’animaux car il vit au quotidien avec d’autres chiens, chats et oiseaux.Il aime beaucoup nager, se balader mais par-dessus tout le travail sur le terrain ! Il est sportif, intelligent, et surtout très rusé. Pour moi il restera un chien exceptionnel tant par sa qualité au travail que par l’amour qu’il apporte à ma famille. Il faut souligner son caractère entêté que l’on retrouve en concours, à l’entraînement mais aussi au quotidien !
Déjà tout petit, nous avions remarqué ce trait de caractère quand il refusait de remonter dans la voiture après de longues balades avec le reste des chiens. Jouet, nourriture, rien à faire ! Avant chaque fin de balade, je m’asseyais donc dans l’herbe avec les autres chiens, et patientais jusqu’à ce que monsieur daigne nous rejoindre.
J’ai toujours cru en lui et il nous a montré qu’il pouvait le faire !! Je souhaite à beaucoup de compétiteurs d’avoir un jour la perle rare pour moi c’est fait !! »
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Aurélie et Foozy, son Golden Retriever, ont réussi à remporter le titre de champion de France de sauvetage en mer. Après 3 ans d’entraînement, le Graal !
« Foozy est né en 2010, c’est mon premier chien.
A l’âge d’un an et demi, la forte tête et la fougue de Foozy m’ont incitée à prendre des cours d’obéissance… L’éducateur du moment ne nous a laissé que peu d’espoir pour « récupérer » ce chien trop énergique et si peu obéissant !Déçue et vexée, j’ai persisté en travaillant quotidiennement pour ne pas donner raison à ce jugement sans appel. Un savant mélange de saucisses, de câlins et de séances de jeu, nous a permis de redresser la barre et de construire une relation complice.
Après avoir fait de l’éducation avec Foozy, j’ai testé un peu d’agility et de pistage mais aucune de ces disciplines ne nous convenaient.
L’éducateur avec lequel j’avais travaillé en éducation m’a alors proposé d’aller voir le travail à l’eau.
Je ne connaissais pas du tout cette discipline mais je savais que Foozy était un féru de l’eau… Lors de nos promenades, il lui arrivait régulièrement de se jeter à l’eau et de nager inlassablement sourd à mes nombreux rappels.
J’ai alors pris contact avec l’association LAC 37 qui s’entraine sur le lac de Hommes (37) et je suis allée, accompagnée de Foozy, voir un entrainement. En Août 2012, nous avons rencontré l’équipe de LAC37 et Foozy s’est immédiatement jeté à l’eau avec détermination. Il avait trouvé son élément : une vraie petite loutre.
Ce jour là, j’ai vu mon chien s’éclater sur une activité de travail, j’ai observé le travail d’autres chiens déjà confirmés et malgré le fait que je n’aime pas l’eau… j’ai adoré partager ce moment avec mon chien et je me suis lancée dans l’aventure. Je me suis vite aperçue qu’il n’était pas possible de travailler les exercices à l’eau sans un minimum d’obéissance. J’ai donc inscrit Foozy en club et nous avons beaucoup travaillé au sol. En parallèle, nous avons commencé le travail à l’eau. Foozy était particulièrement doué, il apprenait vite et toujours avec plaisir. Il avait néanmoins sans cesse besoin que je canalise son énergie débordante.
Pour travailler son physique et son endurance, à chaque entraînement, il s’est exercé sur des suivis de bateau. La bonne exécution des exercices est facilitée par une qualité de nage associée à une endurance qui fatigue moins le chien lors de leur réalisation. J’ai eu la chance de pouvoir aussi lui faire découvrir la mer qu’il a rapidement aimée.
En 2014, Foozy a commencé à concourir.
Il a passé avec succès les 3 premiers degrés et a toujours obtenu l’excellent, il a alors pu passer au niveau des sélectifs. Cette année a été riche d’enseignements pour nous deux, il partait en concours et s’entrainait en parallèle sur les exercices au club. Mon but, cette année-là, était de lui apprendre à travailler en tous lieux, dans des environnements différents. Je prenais les concours comme des entrainements payants et n’en attendais pas de résultats qui pourtant furent là. Soutenue par la responsable des entrainements et le président du club (M.et MME LABBE) nous avons beaucoup appris et c’est aussi en observant les autres conducteurs avec leurs chiens que nous avons évolué.
Avec le recul, Foozy est un chien exceptionnel qui trouve son équilibre à l’eau et qui m’a souvent surprise. Il lui est arrivé de faire des concours et de réussir des exercices qu’il n’avait pas ou peu travaillés en amont.
Il a fini cette année-là par un brevet mer, le concours le plus difficile à obtenir et qui lui a permis de se qualifier pour les championnats de France de 2015. L’hiver, nous avons continué à travailler l’obéissance au sol et les saisons suivantes de travail à l’eau, nous avons travaillé sur tous les détails afin de parfaire son niveau. Il a toujours autant de plaisir à travailler. Nous avons tous les 2 participé aussi à des rencontres inter-clubs régulières en mer. Le travail à l’eau est un travail d’équipe sans laquelle nous ne pouvons pas avancer.
Le championnat de 2017 était en début de saison.
Après la pause hivernale, il me semblait difficile de préparer à temps Foozy pour cette épreuve notamment au niveau de l’endurance.
J’ai donc repris le travail assez tôt dans la saison, et nous avons commencé doucement. J’ai toujours fait attention à préserver mon chien et sa santé.
Il s’est rapidement remis en forme. Le jour du championnat, le tirage au sort a voulu que je passe en dernière, de nombreuses heures à stresser mais aussi à voir le travail des autres concurrents. Le problème des concours en mer, c’est qu’elle est changeante, les conditions ne sont pas les mêmes suivant les heures de passage.
Foozy, lui était prêt, il n’attendait qu’une chose, aller à l’eau… Pour lui éviter trop de frustration, je l’ai mis au repos avec des sorties régulières.
Nous avons commencé par le suivi de bateau de 30 minutes. Je savais qu’il était prêt et en forme et que pour lui c’était une formalité. J’ai entièrement confiance en lui et c’est réciproque. Je l’ai donc encouragé régulièrement et lui me regardait. Foozy nage très bien, il a une belle ligne de dos et il est connecté…il ne me lâche pas du regard.
A l’issue du suivi, il a le droit à quelques minutes de pause, nous nous sommes éloignés, le temps d’un besoin rapide, d’une roulade dans le sable et de secouages intempestifs. Je ne vois personne, je suis dans ma bulle avec mon chien.
S’en suit alors le travail au sol, c’est toujours un moment stressant, Foozy se débrouille bien mais c’est un petit rigolo, son énergie peut l’amener à anticiper un ordre, faire un rappel trop énergique et dépasser la ligne… avec lui, je ne suis jamais à l’abri même si nous avons beaucoup travaillé ses contrôles…
Ce jour-là, il était bien concentré, notre préparation a porté ses fruits.
Pour terminer, nous sommes retournés au bord de l’eau pour les exercices.
Le premier est un inanimé à récupérer, c’est l’un des exercices préférés de Foozy, il est au taquet, il chouine d’excitation. Manque de bol, le soleil est en face, il ne le voit pas tomber et nous sommes près de la plage. Qu’à cela ne tienne, il saute à mon commandement et file en avant. Il ne voit rien et retourne sa tête régulièrement pour m’interroger. Il récupérera l’inanimé grâce à sa confiance en moi, son obéissance et sa ténacité.
Le deuxième exercice est un apport de bouée à un plongeur en difficulté, le retour avec le plongeur a été difficile à cause du courant, il faisait du surplace et a fait un gros effort physique pour le ramener.
Le troisième exercice était un apport de filin au bateau. J’ai senti à ce moment que Foozy qui venait de faire un gros effort était un peu moins motivé. Il a été hésitant au saut, a esquissé un demi-tour mais devant ma détermination, il s’est exécuté juste pour me faire plaisir.
La dernière épreuve était du bord de la rive, Foozy avait retrouvé son énergie, un de ses exercices préférés, une planche à voile gréée avec un plongeur à ramener. Je lui ai promulgué beaucoup d’encouragements sur le retour, l’eau se met sur la voile et alourdi la charge pour le chien.
Lorsque j’ai récupéré la corde, j’ai pris conscience que c’était fini. Je ne connaissais pas place mais j’étais fière, fière de mon chien, du chemin parcouru, de son courage et de sa force. Fière de nous… et lui aussi était fier, il sautait partout, courait et se roulait de contentement dans le sable.
Foozy, c’est mon premier chien, nous avons appris et grandi ensemble. Il est mon chien de cœur.
C’est un chien au grand cœur, tenace, courageux, joyeux, enthousiaste, protecteur, charmeur mais têtu au premier degré…
Si je suis rigoureuse au travail à grand renfort de saucisses, à la maison, je suis beaucoup plus cool… avant d’être un chien de travail Foozy, c’est Foofoo, c’est un chien de compagnie. Un chien qui bave comme un escargot lorsqu’il réclame quelques gourmandises, un compagnon qui s’échoue sur moi devant la tv, un poilu sourd comme un pot en promenade s’il est sur une piste…
Il est depuis 7 ans à mes côtés, toujours présent, notre complicité s’est installée au fil du temps. Je ne sais pas comment on y arrive, ce n’est pas calculé. J’ai pris du temps avec lui à le balader en laisse et en liberté et je l’ai sorti partout où je pouvais. Nous avons beaucoup joué, discuté (enfin surtout moi). Nous avons travaillé ensemble, j’ai ramassé ses bêtises sans jamais le disputer, c’est un chien qui ne me craint pas, nous nous respectons.
Il est mon compagnon, mon confident, j’ai une totale confiance en lui. Je l’ai vu me protéger d’importuns, c’est pour lui que j’ai dépassé ma peur de l’eau.
Aujourd’hui, depuis 1 an, 2 compagnons ont rejoint Foozy, il est chargé de famille et responsable de l’apprentissage des 2 petits. Il montre une patience hors du commun et j’essaie de lui garder toujours des moments privilégiés, nos petits moments d’amour.
On me dit souvent « tu dois être fière qu’il soit champion », oui, c’est vrai, mais lorsque je le regarde, je ne vois pas Foozy, champion de France, mais je vois Foofoo, ce chien si cher à mon cœur, mon petit Foofoo d’amour, cette boule de poil qui m’a tellement appris et qui m’a emmené sur de nouveaux chemins à la rencontre de nouvelles personnes. C’est grâce à lui que tout cela est possible, il est mon équilibre. »